Revue de projets

Construction en fibres végétales

L’objectif de la revue de projets est d’évaluer, sur un mode participatif, des projets exemplaires pour améliorer les pratiques et contribuer à une culture commune en matière de construction durable.

Événement co-organisé avec les Grands Ateliers, et amàco.

Principe

Présentation par leurs acteurs de trois projets ayant intégré des fibres végétales, suivie d’une discussion constructive en présence d’un comité technique et d’un public multi-acteurs.

Opérations présentées

Maison de ville de Nebraska, Grenoble (38)

📐 Construction d’un habitat individuel contemporain en paille porteuse, sur une parcelle située en site urbain contraint

🔨 Opération livrée en 2018
81 m²
Coût : 150 000 € HT

Maîtrise d’ouvrage : Particuliers
Maîtrise d’œuvre : Agence Boha, Cédric Hamelin et Mathilde Lapierre (architectes)
Construction : Association Nebraska

👉 SUPPORT DE PRESENTATION

> Synthèse des échanges :
Un chantier exemplaire en technique non courante et en site contraint. Low-tech.
Essaimage de la technique :

  • Ce projet montre que l’on peut faire de l’architecture en construisant en paille porteuse. Le rôle de Nebraska est de réaliser des projets démonstrateurs pour faire avancer les règles professionnelles et changer d’échelle (sortir de la maison individuelle de plain-pied). Ces projets permettent de réaliser des essais de performances pour modéliser et améliorer les calculs.
  • Nebraska travaille sur la préfabrication de « murs sandwichs » en paille porteuse (enduit/paille/enduit)

Volet assurantiel :

  • Maison R+1 hors règles pro (en 2017) : Nebraska a négocié en s’appuyant sur l’historique de la construction paille et sur les exemples de pays qui sont plus avancés (aide de Peter Braun, ingénieur suisse spécialisé paille porteuse)
  • Des règles professionnelles et plutôt qu’un DTU car ce dernier est plus figé. Toute révision de texte nécessite un temps long alors que des règles professionnelles sont plus malléables et surtout coopératives dans leur élaboration.

Mécanisme du mur :

  • compression : environ 7 cm sur la hauteur (1 cm/botte)
    • Deux types de sangles : les premières sont utilisées pour mettre en compression et les secondes la maintiennent. Les premières sont ensuite retirées et les secondes sont noyées dans l’enduit
    • Panneau sandwich : enduit/paille/enduit : les propriétés porteuses sont atteintes lorsque les enduits sont secs

Comportement au feu : le voile de terre ou de chaux (enduit) joue le rôle d’écran thermique (pas de prise en compte des sangles noyées dans l’enduit)

Cabane forestière de Chalimont, Villard-de-Lans (38)

📐 Réhabilitation d’une cabane forestière avec des blocs de chaux-chanvre et des matériaux locaux, dans le cadre d’un projet pédagogique et démonstrateur de biosourcés

🔨 Opération livrée en 2023
65 m² rénovés et transformés
Coût : 54 408 € HT (valeur réelle compris bénévolat et mécénat : 172 373 € HT)

Maîtrise d’ouvrage : Commune de Villard-de-Lans (38)
Maîtrise d’œuvre : onSITE architecture + étudiants ENSAG/UGA (architectes), Vessiere (BE structure), Maya construction durable (BE thermique), Alpes contrôle (contrôleur technique)
Construction  : Étudiants ENSAG/UGA, Société TCND (accompagnement chaux-chanvre), Romain Poulet (tavailloneur), Scierie Mazet (scierie), John Sauvajon (charpentier), Les Grands Ateliers (fourniture des outils)

👉 SUPPORT DE PRESENTATION

> Synthèse des échanges :
Un projet exemplaire pour l’aspect éducatif du chantier, le réemploi et l’utilisation de matériaux bio et géosourcés locaux mais aussi pour les choix architecturaux ; c’est un beau projet bien dessiné.

Volet assurantiel : petit ERP de 5è catégorie avec un contrôleur technique (pas de coordinateur SPS). C’est la commune qui était assurée pour le chantier. Les étudiants ont été formés à la sécurité et à l’utilisation des EPI puis encadrés par des professionnels.

Entreprises/partenaires : ce sont les étudiants qui ont établi les premiers contacts avec les artisans.

Thermique : la toiture n’est pas isolée mais la « zone refuge » située au RDC bénéficie d’une enveloppe thermique continue (isolation en plafond + sous la dalle en chaux + intérieur des murs), elle est le seul espace chauffé grâce à un poêle à bois.

Blocs de chaux-chanvre : l’absence d’accès à l’eau et à l’électricité sur le chantier a orienté le choix vers les blocs de chanvre (au lieu de la projection). Les blocs ont été donnés par Atticora (mécénat) qui les fabrique pour ses propres chantiers. Le bloc est un matériau léger, facile à transporter et à mettre en œuvre. Dans la cabane, la continuité capillaire est possible car les mur sont droits (maçonnerie de parpaings).

Retour d’usage : le suivi est réalisé par l’office du tourisme qui constate une augmentation de l’utilisation du refuge, notamment en hiver.

Ce chantier a permis un rayonnement et une sensibilisation à l’échelle du territoire qui ont mené vers un chantier à Autrans sur lequel le chaux-chanvre est mis en œuvre par projection.

Ecole maternelle Louis Aragon, Le Versoud (38)

📐 Reconstruction d’une école maternelle comprenant quatre salles de classes et une salle multi-activités.

🔨 Opération en cours de chantier
736 m²
Coût : 1 900 000 € HT

Maîtrise d’ouvrage : Commune de Le Versoud (38)
Maîtrise d’œuvre : Design & Architecture (architecte), Iseramo (AMO programmiste), AIS (BE structure), Ottima structure (BE structure terre)
Construction : Archivolte (entreprise bois-paille-terre crue), John Sauvajon (fourniture bois)

👉 SUPPORT DE PRESENTATION

> Synthèse des échanges :
Un projet ambitieux et beau intégrant une pluralité de matériaux bio et géosourcés.

Les cloisons intérieures seront réalisées en adobes (briques terre/paille) pour bénéficier des qualités du matériau terre : inertie thermique et régulation hygrométrique.
La terre provient d’un chantier situé à 1,5 km du projet, elle est actuellement stockée sur le site des services techniques de la commune à 1 km du chantier. Elle est bâchée pour maintenir son taux d’humidité. La paille provient de champs situés à 12 km du chantier.

Durabilité des adobes, risque d’abrasion des bas de murs (frottements, impacts, etc.) :

  • Le projet a été modifié pour prévenir du risque d’abrasion en intégrant un soubassement en béton de site. Les briques d’adobes composeront la partie haute du mur. Cette configuration permet également de protéger les briques des projections d’eau générées par le nettoyage des sols.
  • Qui dit école dit mobilier, accroche de patères, suspension d’éléments : cela a été anticipé par l’intégration d’ossatures bois structurelles côté intérieur des salles de classes. Les traverses joueront le rôle d’étagères.

Les questions de la réalisation et du séchage des adobes restent à consolider : un atelier de réalisation d’adobes est prévu avec les élèves en mars et avril 2026, à l’abri sous un chapiteau. Le séchage se fera sur clayettes et le transport sur palettes. Les briques seront mises en œuvre en septembre 2026, après le clos couvert.

Membres du comité technique

  • Julien Cerri, charpentier et formateur pro-paille, Atelier du bois
  • Cyril Pouvesle, chargé de mission filières vertes, DREAL AuRA
  • Pierre-Yves Six, architecte, Wild architecture

Déroulé

13h30 : Accueil café

14h00 : Revue de projets

  • 14h00 : Introduction par Ville & Aménagement Durable, Les Grands Ateliers, amàco
  • 14h15 : Contexte et présentation de la filière par amàco
  • 14h30 : Présentation des 3 projets et échanges (45 min / projet, soit 15 minutes de présentation + 30 minutes d’échanges)
  • 16h45 : Mot de la fin

17h00 : Clôture de l’événement