Petit-déjeuner débat

E+C-

Préparez-vous dès maintenant à la réglementation énergétique et environnementale de demain !

Depuis mi-2017, Ville et Aménagement Durable anime une communauté autour de la thématique Energie Carbone dont l’objectif est d’amener au débat une analyse critique constructive du label au sens large par :

  • des réunions plénières bimensuelles de la communauté (point d’avancement des sujets d’études et intervention d’experts)
  • un travail de veille et de coordination avec les initiatives régionales et nationales
  • d’une manière plus large l’information des professionnels pour une montée en compétence de la filière et un partage d’expériences.
    Plus d’informations sur le travail de la communauté.

Ce petit-déjeuner, organisé en partenariat avec le Cluster Eco-Energies, répond à ce 3e objectif et a permis d’échanger en toute convivialité sur les projets et problématiques des professionnels de la région (premiers résultats de projets, impact du référentiel Energie Carbone sur la conception...) et de bénéficier d’un décryptage des Fiches de Données Environnementales et Sanitaires (FDES), données incontournables pour l’évaluation de l’impact environnemental d’un bâtiment.

Décryptage des FDES

Intervention de Marion Sié, Expertise ACV

3 acteurs sont impliqués dans la réalisation d’une FDES :

  • le commanditaire de la FDES (celui qui paie) : le fabricant et/ou le syndicat / la fédération professionnelle, qui est responsable des allégations faites dans la FDES. En général, il fournit les données spécifiques : la recette du produit, la consommation d’énergie de l’unité de production, etc.
  • L’auteur de la FDES : un analyste en cycle de vie, externe ou interne pour certaines grosses entreprises. Dans les FDES : le nom de l’analyste avec son contact apparait.
  • Le vérificateur de la FDES.

La tâche de l’analyste est d’échanger avec le commanditaire sur l’Unité Fonctionnelle, de collecter les données auprès du commanditaire et de ses fournisseurs, en réalisant éventuellement des visites de site, d’échanger sur les hypothèses (ex : taux de chutes, scénario de maintenance ou de fin de vie) puis de modéliser dans un logiciel. Les résultats de l’analyse des différentes variantes sont précisés dans la FDES. L’analyste vérifie ensuite la cohérence des résultats : impacts relatifs d’une étape par rapport à l’autre, comparaison des ordres de grandeurs avec d’autres FDES, analyse de la variabilité des résultats aux paramètres.

Les outils utilisés sont Simapro, avec les données Ecoinvent, ou GaBi, avec la base de données GaBi.

La vérification des FDES est obligatoire depuis 2017. Les vérificateurs habilités (passage d’un examen requis) sont assez peu nombreux actuellement, et la liste est disponible en ligne sur internet.

Les avantages d’une vérification est que celle-ci étant obligatoire (document et traçabilité), les vérificateurs sont sachant et compétents en ACV, l’auteur et le vérificateur sont souvent confrères. Les inconvénient sont que le périmètre et le budget sont limités (pas de visite de site, pas de revue exhaustive du modèle), qu’il n’y a pas d’exigence concernant la connaissance du secteur ni d’exigence concernant l’absence de lien d’intérêt.

Le coût d’une FDES individuelle varie entre 6000 et 15 000 € (en moyenne : 10 000 à 12000 euros). Les FDES collectives sont plus chères. Elles doivent être refaites tous les 5 ans.

Quelques retours d’expériences

  • La réalisation d’une démarche collective est intéressante, mais reste complexe en l’absence d’un syndicat professionnel.
  • Dans E+C-, les seuls indicateurs que l’on regarde sont le E et le C, mais on peut envisager que les autres indicateurs soient pris en compte à l’avenir.

Retours d’expériences de projets E+C-

Intervention de Yoann Jovet, Milieu Studio

Retours d’expériences sur la partie E
Ce volet est peu différent de la RT 2012. La partie mobilière est ajoutée, mais de manière forfaitaire.
Les leviers sont les suivants :

  • Réduction de la consommation : gain sur les postes réglementaires (il n’est en effet pas encore possible de valoriser le travail sur les consommations mobilières)
  • Utilisation d’énergie avec un taux d’énergie renouvelable élevé (biomasse, réseaux de chaleur, ...)
  • Production d’énergie renouvelable sur site (production photovoltaïque, cogénération. Les autres ENR nécessitent un titre V).

On constate que pour des bureaux climatisés à Lyon, l’atteinte du niveau E3 est complexe compte tenu de la surface de PV nécessaire pour compenser des consommations mobilières, qui sont forfaitaires et qui représentent le plus gros poste de consommation.

Retours d’expériences sur la partie C
Les leviers sont les suivants :

  • Travailler sur la réduction de l’utilisation de matière : tous les choix faits en conception ont un impact carbone, il faut en avoir conscience et assumer des partis pris,
  • Utiliser des produits faiblement carbonés, locaux, recyclés ou encore réutilisés,
  • Intégrer l’exigence du carbone au dossier de consultation.

On constate que le niveau C1 n’est pas accessible à tous les projets aujourd’hui (pour les bâtiments de logements étudiés : 1 bâtiment sur 2 n’est pas C1) car :

  • Saisie forfaitaire importante : en particulier, le low tech aujourd’hui pas valorisé et les valeurs forfaitaires ne poussent pas à travailler sur les lots techniques
  • Manque de données disponibles (base de données INIES pas aligné avec le poids des matériaux d’un projet)
  • Pas de valorisation de la réutilisation, d’utilisation de produits locaux, … A noter que le réemploi est pris en compte dans le label BBCA.

L’atteinte du niveau C2 demande un vrai effort sur l’énergie. Les leviers sont de réduire les consommations (idem partie énergie) et de choisir des sources d’énergies faiblement carbonées.

Aujourd’hui le calcul est réalisé trop tard, et l’expérimentation E+C- permet difficilement d’enclencher une démarche d’éco-conception. En effet, pour réaliser les calculs, il faut le DPGF, et il est alors trop tard pour revenir sur les grands choix de conception.

Remarque de la salle : aujourd’hui, le réseau de chaleur est moins bien valorisé que la biomasse. Mais attention, si à l’avenir le critère d’affecte respiratoire est pris en compte, le bois sera plus pénalisé (en raison de l’émission de particules).

Méthode

Le cadre de l’étude n’est pas suffisamment explicite aujourd’hui et une saisie incomplète entraine un meilleur résultat. Il est dès lors impossible de comparer 2 projets. Il va donc être nécessaire d’expliciter ce qui n’est pas à saisir. L’ACV est par ailleurs réalisée trop tard.
On constate aussi que la forme architecturale a un impact fort sur le résultat : par exemple un projet avec les escaliers positionnés en dehors de l’enveloppe chauffée est pénalisé (la SDP étant modifié). La SHAB ou SU serait plus pertinente.
Concernant la réalisation des calculs, il est possibilité de grouper ou non les missions carbone et énergie, sachant qu’il est indispensable d’avoir une approche globale pour appréhender la question du carbone, qui intègre autant la partie énergie autant que la méthode constructive.
L’outil Vizcab développé par Combo solution utilisation de la puissance de calcul pour combiner l’ensemble des choix de conception et permet ainsi de créer un retour d’expérience non disponible aujourd’hui https://www.combosolutions.eu/

Conclusion
Le niveau de performance réel du bâtiment est différent de celui calculé dans le cadre de l’expérimentation. Ainsi, Milieu Studio conseille de ne pas perdre de vue que c’est une période d’expérimentation et de ne pas éliminer des solutions qui ne sont pas valorisées aujourd’hui (ex : pierre massive). Cette période de transition est essentielle à la mise en place d’une méthode fiable.

PARTICIPEZ A LA DYNAMIQUE

Faites-nous part de vos retours d’expériences de calculs en saisissant votre projet sur ce tableau de saisie !
Il est possible de renseigner le volet Energie de vos projets même si l’étude ACV est manquante, et ce en récupérant le calcul thermique associé au projet. Vous serez ensuite tenu informé de l’analyse menée par la communauté pour bénéficier du retour d’expériences collectif.