Visite VAD+

Recyclerie de Rillieux-la-Pape : découverte d’un stock de réemploi

Visite réservée aux adhérents VAD

A Rillieux-la-Pape, un stock de matériaux issus du réemploi est en train de se constituer pour répondre aux besoin d’un projet de construction neuve : celui de la future Halle du Réemploi et de la Transition Ecologique de l’association REED.

En lien avec le GIEM, VAD a proposé à ses adhérents de venir découvrir ce stock de réemploi bien particulier, spécifiquement mis en place dans le cadre d’un projet de construction.
Un prochain RDV sera donné au printemps 2023, afin d’ouvrir les portes du chantier.

Déroulé

15h50 : accueil sur site
16h : présentation du projet par ses acteurs
16h30 : visite du site
17h15 : temps d’échanges
17h30 : clôture de l’événement

Contacts VAD : Nicolas Emin et Claire Vilasi

Acteurs du projet

Maitre d’ouvrage : GEIM
Architecte : Tekhne
Bureau d’études HQE : TRIBU
Bureau d’études fluides : Strem
Economiste : Denizou
Bureau d’étude structure : Gustave Ingénieur du Bois
Bureau d’Etudes Terrassement VRD : SAFEGE

Calendrier

  • Novembre 2021-Janvier 2023 : collecte des matériaux de réemploi
  • De mai à novembre 2022 : terrassement - gros œuvre
  • Décembre 2022 : pose de la charpente
  • Début 2023 : 2d œuvre en auto construction
  • Eté 2024 : mise en service

En résumé

Créée en décembre 1991 au sein du Groupe Emplois Innovations Métropole (GEIM), l’association REED fait partie des Structures d’insertion par l’activité économique (SIAE). Son objectif est de favoriser l’intégration sociale et professionnelle de demandeurs d’emploi. REED a crée en 2015 une Recyclerie labelisée Ressourcerie, installée dans une ancienne caserne. Ce bâtiment sera démoli début 2023 dans le cadre de l’aménagement de l’écoquartier d’Ostérode. La ville de Rillieux-la-Pape met à disposition du GEIM une parcelle en friche. Le groupe va y construire un bâtiment neuf, pour y accueillir ses activités de « filière verte » : la Recyclerie, le Chantier d’Insertion Espaces Verts, les formations aux métiers du tri, de la valorisation et du réemploi des objets. L’objectif est d’intégrer à la construction une part importante de matériaux de réemploi.

Ainsi, depuis plusieurs mois, le développement d’un Atelier Chantier d’Insertion Temporaire Bâtiment a permis de récolter de nombreux matériaux. Une équipe de salariés en parcours d’insertion œuvre activement à la récupération des ouvrages à réemployer et à leur reconditionnement. Le bureau d’étude HQE Tribu participe au volet réemploi du projet, dont le succès repose sur une bonne mise en relation des acteurs.

Les éléments collectés seront ensuite mis en œuvre dans le projet de construction de la nouvelle recyclerie, dont le gros-œuvre doit commencer en septembre prochain. Le bâtiment dessiné par Tekhnê est en structure bois, avec une toiture métallique. La démarche réemploi est ambitieuse pour cette construction neuve, dont le permis de construire vient d’être accordé.

Future Halle (source : GEIM, Tekhnê)

Un espace de stockage couvert a pu être mis à disposition sur site, permettant la conservation des matériaux collectés au fil de l’eau, en toute sécurité, et pendant toute la durée du projet. Le magasin ainsi créé permet d’offrir un catalogue de matériaux physique dans lequel piocher pour concrétiser l’opération. Une autre particularité du projet et celle d’un second-œuvre réalisé en auto-construction. Les matériaux qui ne seront pas injectés dans le projet pourront ensuite être remis sur le « marché du réemploi », après avoir été remis en état.

La Halle du Réemploi : objectif d’une construction intégrant 40% de matériaux de réemploi

Installée depuis 2016 à Rillieux-La-Pape, REED et sa recyclerie vont déménager leurs activités à quelques pas du futur écoquartier d’Ostérode. Le projet : construire une Halle du réemploi et de l’économie circulaire, intégrant 50% de matériaux de réemploi.

Le futur écoquartier, d’environ 15 hectares proposera une mixité d’activités économiques, tertiaires et d’équipements publics, un hôtel, des restaurants et 250 logements, 9 ha d’espace naturel boisé préservés, 1 voie verte et des aménagements de voiries. Il s’inscrit dans le contexte du Grand Projet de Ville (GPV) porté par la Ville, la Métropole de Lyon et l’État (2e plus grand GPV de France).

L’objectif pour l’équipe de maîtrise d’œuvre était de répondre à un programme fonctionnel intégrant de multiples activités, tout en capitalisant les retours d’expériences du fonctionnement actuel de la recyclerie.

Plan du RDC (source : GEIM, Tekhnê)

Les objectifs environnementaux du projet sont poussés (bâtiment bas carbone, intégration de nombreux matériaux de réemploi) et le bâtiment est conçu pour être évolutif afin d’anticiper le développement d’activités.

La future Halle du Réemploi s’intègre sur une parcelle très contrainte, en raison notamment de :

  • la présence d’une conduite de gaz et d’une antenne. Cette dernière entraîne une servitude d’ondes qui limite la hauteur des constructions : pour pouvoir implanter un bâtiment à deux niveaux, avec un hall de stockage toute hauteur, un décaissement important du terrain et la réalisation de berlinoises en limite de propriété sont nécessaires.
  • la nécessité de libérer un maximum de place pour des raisons logistiques (stationnement, aire de retournement pour camions 18 tonnes…).

Le futur bâtiment est conçu en technique poteau-poutre bois, avec une isolation de 20 cm en façade et 30 cm en toiture, réalisée en laine de bois, complétée de laine roche lorsque la réglementation incendie le nécessite. Ce projet permettra de redonner ses lettres de noblesse au bâtiment : en faire un bâtiment beau (« ne pas faire patchwork ») et fonctionnel, c’est-à-dire pensé pour faciliter le cycle de réemploi des objets et permettant de redonner une qualité de vie au travail, avec une attention particulière au confort et à la sécurisation des locaux et des postes de travail.

Les flux de circulation seront séparés, avec un parking pour la clientèle et une cour logistique pouvant recevoir les camions de collecte, l’enlèvement des bennes de tri, et à certaines heures, les apports volontaires des habitants. La Halle sera située en face du magasin Castorama, ainsi des partenariats sont déjà imaginés par REED.

Afin de rester dans l’enveloppe financière tout en répondant aux besoins, le maître d’ouvrage REED a fait le choix de réaliser le second œuvre en auto construction, dans le cadre d’un Atelier Chantier d’Insertion Temporaire Bâtiment spécialement créé.

Compte tenu de l’implantation du bâtiment dans une friche, des problèmes de raccordement ont entrainé des difficultés à obtenir le PC, finalement délivré le 1er juin dernier.

Construire avec le réemploi : l’importance de l’engagement

Comme en témoigne François Guillemard, conducteur de travaux au sein de REED et en charge de l’Atelier Chantier d’Insertion Bâtiment et de la collecte des matériaux de réemploi : « Avec le réemploi, on travaille à l’envers : on attend d’avoir les matériaux pour savoir comment concevoir ». A titre d’exemple, l’architecte sait qu’il devra déposer un permis modificatif car la façade évoluera avec les matériaux collectés. Quant au bureau d’études fluides, il ajustera ses plans une fois les matériaux collectés. On passe ainsi d’un fonctionnement pyramidal à une manière de travailler « circulaire ». Le bâtiment étant en partie classé ERP, un travail a été réalisé avec le bureau de contrôle pour lever les différents freins et ainsi « viser le réemploi au bon endroit ». Pour F. Guillemard : « c’est un combat mais cela va dans le sens de l’histoire. On a une responsabilité planétaire compte tenu de l’impact du secteur du BTP sur l’environnement. »

Plusieurs leviers ont été activés pour limiter le coût du projet (près de 5 millions d’euros financés à hauteur de 60% par REED) :

  • Réaliser le second-œuvre en auto construction via un chantier d’insertion permet de diminuer les coûts de main d’œuvre (par rapport à une entreprise du bâtiment), tout en offrant à 18 salariés un parcours professionnel qualifiant et une expérience dans le bâtiment et le réemploi de matériaux de construction
  • « Dès lors que l’on peut mobiliser une équipe en collecte et démontage sur des sites de déconstruction, que l’on dispose d’un local pour le stockage et la préparation en vue de la réutilisation sur le futur chantier, le recours à des matériaux de réemploi représente une économie significative au regard de l’envolée des prix de certains matériaux du bâtiment », indique Laurence Mourot, chargée de mission Halle du Réemploi, pour REED
Etablis électrifiés de réemploi

Finalement, « avec l’équipe de MOE, il a été plus difficile d’intégrer au projet l’autoconstruction que le réemploi d’un point de vue contractuel, car nous ne sommes pas entreprise du bâtiment », affirme L. Mourot. « Nous avons fait évoluer les contrats et les responsabilités de chacun, afin de travailler en « co-conception », en anticipant les techniques de constructions que le chantier d’insertion mettra en œuvre. C’est une manière de travailler très enrichissante ! ».

La collecte et le stockage des matériaux de réemploi : le rôle clé de la formation et du réseau

Depuis novembre 2021, grâce à un grand réseau de partenaires, 56 tonnes de matériaux ont déjà été collectés. Ils sont issus de chantiers de déconstruction sélectives ou directement de magasins type Leroy Merlin. L’objectif est de collecter un maximum de matériaux, ce qui permettra dans un 2e temps de ne garder que les matériaux les plus qualitatifs, le surplus pouvant être utilisé comme « monnaie d’échange » contre d’autres matériaux plus complexes à trouver, mis en œuvre si de la casse survient à la pose, ou enfin revendus.

Il est très important de tracer les matériaux (provenance, poids) : « la valeur du réemploi est dans le tonnage, sauf pour l’isolant », d’après F. Guillemard, et que les produits soient entiers. « On nous dit que certains matériaux ne peuvent être réemployés, par exemple les disjoncteurs, mais normalement ils doivent être testés chaque année, pourquoi ne seraient-ils pas utilisables si nous les testons également ?  ». Un travail est également mené avec Eiffage pour faire reconnaitre des portes coupe-feu sur la base du PV de réception et du PV produit. En revanche, certains matériaux ne seront pas récupérés comme la fenêtre.

Un partenariat est noué avec Les clés de l’Atelier, un centre de formation spécialisé dans les métiers du bâtiment 2d Œuvre : les équipes du chantier d’insertion seront formées à ces métiers, et acquerrons des compétences spécifiques dans le domaine du réemploi (à noter que le réseau des ressourceries travaille actuellement à la mise en place d’une qualification d’agent valoriste initiée par le groupe GEIM).

Actuellement, une équipe de 8 personnes apprend à démonter la matière de la manière la plus qualitative possible. La collecte est réalisée avec 2 camions.

Les 2 facteurs clés de réussite sont :

  • le temps, pour démonter les matériaux (il est souvent plus compliqué de déposer proprement que de monter les produits)
  • la possibilité de les stocker (la gestion du stock dans l’entrepôt est fondamentale pour ne pas se laisser déborder).

Les matériaux déjà récupérés

......... Palettes en bois (celles-ci sont désassemblées afin de récupérer le bois et les vis), quincaillerie, outillage, radiateurs, ampoules, câbles électriques (importance de garder la plus grande longueur), blocs de sortie de secours (nécessité uniquement de changer les piles), chemins de câble, modules de mise à la terre (12 euros pièce en neuf, il en faudra une 50aine, ce qui représente une belle économie), gaine d’aspiration, armoire électrique, baies de brassage, goulottes, racks, établis électrifiés (qui auraient été mis à la benne par l’AFPA), laine de roche, dalle de plafond, cumulus, miroir, vasque, boulonnerie, visserie (compliquée à récupérer), double porte en aluminium, mobilier de pharmacie de moins de 2 ans, plancher technique, linoleum, lames de terrasse en hêtre, plateaux de bureau (qui seront utilisés en vêture de murs dans les futurs locaux et feront office de plancher technique pour la mezzanine en remplacement de l’aggloméré de bois, avec un contreventement adapté)............
Les matériaux manquants actuellement : parquet, isolant laine de roche, bardage bois, visserie.

> Retrouvez le flyer de l’opération avec la présentation des besoins en matériaux <

REED remercie Tribu et Tekhnê pour leur implication active dans ce projet !


Voir en ligne : Site internet du groupe GEIM