L’opération
À l’origine la Saône était bucolique et ludique mais les crues destructrices de l’affluent du Rhône et le développement de la circulation (tram, automobile) ont progressivement engendrés une coupure entre ville et Saône. L’objectif était donc pour la métropole de reconnecter aux villages et aux quartiers cette rivière aux multiples visages : rivière paysage, intime et contrastée, patrimoine de l’agglomération, trait d’union entre l’urbanité lyonnaise et le naturel du Val de Saône (14 communes dont 5 arrondissements, 50 km de rives).
- Aménager une promenade piétonne continue au plus près de l’eau.
- Accessibles à tous, entre la pointe de la Confluence et l’île Barbe, à Fontaines s/S et à Rochetaillée s/S.
- Préserver l’environnement en valorisant les espaces naturels et étirer la nature du Val de Saône jusqu’au cœur de l’agglomération.
- Renforcer et conforter les usages des rives et les usages fluviaux.
- Développer un grand projet artistique pour conforter ces nouveaux espaces publics et révéler les patrimoines des sites : Le River Movie.
L’opération est plus complexe que le projet des berges du Rhône car elle nécessite sur le secteur presqu’île l’élargissement ponctuel du quai bas, la construction de passerelles par endroit, la destruction/reconstruction du parking au droit du quai, la nécessité de pérenniser les murs de quai pour la plupart classé à l’UNESCO, des contraintes de conflits d’usages plus forts liées à des espaces plus exigus, etc. Ces contraintes impliquent une adaptation du projet au fil de l’eau et un dépassement du budget initial.
Secteur confluence
Les premiers espaces ont été livrés dès 2011 permettant à la SPL d’avoir des retours d’usages alimentant le processus projet. L’enquête menée sur la base d’entretiens, de questionnaires, d’observations et de groupes d’habitant a mis en exergue les retours suivants :
- césure forte entre le nord et le sud de la darse, usagers différents : au sud salariés et événementiel, au nord habitants et proximité ;
- « Joyau » d’espace public encore peu connu et peu fréquenté avant les liaisons avec le centre ;
- promenade interrompue : il manque la passerelle mobile le long du quai, créant de lourds conflits d’usages sur la passerelle fixe et des difficultés pour les PMR ;
- propre : « surentretien » très apprécié mais en attente de services complémentaires (marchand de glace, toilettes publiques, etc.).
Parvis du palais de justice
Seule intervention en rive droite, il s’agit davantage d’un travail d’espace public que d’une logique paysagère (sans contrainte de gestion de l’eau) pour :
- redonner de la place aux piétons sur cette zone presque complétement dédiée à la voiture ;
- assurer une transition douce entre le palais de justice (Vieux Lyon) et la passerelle (sécuriser la traversée piétonne) ;
- redonner de la distance pour la contemplation de la rivière et du palais de justice (mise en valeur du patrimoine et du monument historique) ;
- apporter une valeur d’usage en limitant les émergences pour libérer l’espace ;
- créer une piste cyclable double sens ;
- créer deux bassins au droit du palais de justice pour une mise à distance des façades (utilisés en hiver par les skateurs, engendrant une dégradation de l’ouvrage).
L’espace côté rivière recouvert de lames d’acier corten, assure un rôle de belvédère urbain sur la Saône. La brumisation rafraîchit en été et le léger brouillard d’eau renforce la continuité avec la Saône. Le trottoir côté Vieux Lyon devient un parvis réalisé en dalles de pierres de Villebois. Enfin la statue néoclassique de Elgreem et Dragset (l’homme qui se porte lui-même) surplombe la Saône et contribue au « river movie » de l’ensemble du projet. La fixation des lames du revêtement corten du belvédère pose des problématiques de gestion puisqu’il a fallu intervenir trois ans après la livraison pour refixer les lames et les accroches qui engendrent des problèmes de sécurité.