Atelier Visite
Désimperméabiliser les espaces publics : des solutions fondées sur la nature

Dans le cadre du groupe de travail Résilience des territoires, l’idée est de proposer au réseau un cycle de visites pour débattre autour d’ouvrages de gestion des eaux pluviales alternatifs (ou non) au « tout réseau ».
Connaissez-vous la différence entre déconnecter et désimperméabiliser ? Connaissez-vous tous les avantages d’une désimperméabilisation ? C’est l’occasion d’en savoir plus et d’échanger avec différents professionnels.
La visite s’articule autour de 3 sites clés : 2 stationnements et 1 rue (1000 m²). Vous aurez l’occasion de débattre autour des solutions techniques mais aussi autour des solutions pour la maintenance, point essentiel d’un projet de désimperméabilisation et végétalisation de l’espace public !
Retour sur la visite :
1/ Désimperméabiliser ou déconnecter ?
Désimperméabiliser correspond à la réduire la surface active (la surface imperméabilisée qui crée le ruissellement).
Déconnecter signifie gérer un volume, soit par l’infiltration, soit par un débit limité vers un réseau. La définition du volume s’appuie sur la période de retour (la durée moyenne où statistiquement un événement d’une même intensité se reproduit). Le calcul du volume : hauteur de pluie pour la période de retour choisie, au moment (temps) d’accumulation maximale multipliée par la surface qui va donner le volume maximum à gérer.
Pour connaitre la période de retour et la hauteur de pluie, il faut soit s’appuyer sur ce qui est indiqué dans le PLU soit appliquer une règle minimale : 15 millimètres.
Aussi il est important de définir le bassin versant sur lequel on va agir. Il va souvent être définit par la surface qui se situe entre une grille au point haut et une grille au point le plus bas de l’espace. Cette surface va aider à définir le volume d’eau à traiter et permet de bien concevoir l’ouvrage de gestion des eaux pluviales.
Le projet de végétalisation doit jouer un rôle dans le cycle de l’eau pour contribuer à l’adaptation au changement climatique.
2/ Retour sur la gouvernance et la gestion
La stratégie de la métropole de Lyon est de saisir chaque opportunité de restaurer le cycle de l’eau lors de la moindre intervention sur les réseaux. A Couzon : besoin de réhabilitation du réseau unitaire au milieu de la rue, décision d’en profiter pour améliorer l’existant et désimperméabiliser le maximum possible.
L’aménagement est entièrement financé par la métropole soutenu par l’agence de l’eau ce qui permet de faire accepter le projet à la mairie de Couzon.
Solutions fondées sur la nature : solutions très simples pour favoriser la biodiversité et l’adaptation au changement climatique. Le seul espace où il était possible de développer cela était les fosses d’arbres pour créer des arbres de pluie.
Difficulté avec le service entretien : un marché public était conclu avec une entreprise de paysage pour la tonte autour des arbres avant le projet d’aménagement. Résultat : malgré les ganivelles et les plantations, tout a été coupé à 1m50 autour de chaque arbre au moment de leur passage. Cela montre le manque de réactivité entre les travaux en transversal de diffèrent services et la programmation de travaux des services. Finalement tout a été replanté par le service du patrimoine de la métropole. Ce type de difficulté a pour effet de refroidir la motivation des services de la métropole à faire autrement.
3/ Visite
Site 1 : parking communal
Désimperméabilisation d’un petit triangle où il n’y avait pas d’usage particulier
Ajout d’un arbre alimenté par l’eau de pluie en lien avec la démarche « adopter un arbre » du programme Life Artisan pour impliquer les citoyens et pour contribuer à l’entretien des espaces verts. Objectifs : soulager le service des espaces vert mais aussi favoriser la végétalisation. La démarche ne prend pas trop pour l’instant mais l’arbre va bien.
Site 2 : la rue
Agrandissement des fosses d’arbres pour en faire des arbres de pluie et désimperméabilisation des places de parking.
Décaissement de 40 cm qui permet le développement de certaines espèces mais pas toutes. ce choix est lié à la contrainte qu’impose les réseau en sous-sol.
La place de parking rejoint l’arbre de pluie : la pluie arrive sur la place parking et l’excédant va vers l’arbre.
Le choix du revêtement pour les places de parking (nid d’abeille en béton) est lié à la nécessité d’avoir une grande surface d’infiltration et de répondre à l’obligation de portance des voitures. Avec plus de budget il aurait été possible de désimperméabiliser une plus grande surface avec ce matériau toutefois l’objectif d’infiltration était respecté.
Les ganivelles : protection obligatoire imposée par la Métropole de Lyon pour avoir des plantations au pied des arbres ou en bordure. Matériau fragile mais peu cher. Sur la rue, nous avons constaté plusieurs ganivelles complètement affaissée très certainement à cause du passage de voiture trop proche (socle en béton déterré).
Site 3 : parking métropolitain
Parking tout neuf... marge de manœuvre très restreinte pour les modifications. Impossible de supprimer des places de parking ou de changer le revêtement.
Fonctionnement d’entonnoir : une dépression sur les bords du parking conduit l’eau vers le centre où l’eau va s’infiltrer par les graviers. En cas de surplus, un drain achemine l’eau vers l’espace végétalisé du parking. Sur cette bordure il était possible d’infiltrer plus que les 15 mm : environ 1 mètre de profondeur permettant de gérer la trentennale au moins.
Avantage du parking de la métropole : c’est la métropole qui gère l’entretien du drain.
L’arbre au niveau du point haut : la ganivelle a été volée. En conséquence pas de plantations. On voit la différence avec les autres arbres : piétinement et assèchement et donc il ne va pas jouer le rôle d’infiltration qu’on avait prévu. Tonte systématique à la fois pour des questions de sécurité incendie et pour des questions d’esthétique demandé par les habitants.
Conclusion : L’aménagement des eaux pluviales nous amène toujours à toucher plusieurs métiers donc c’est important d’avoir des connaissances sur toutes les phases de l’aménagement pour prendre les bonnes décisions.
4/ La conception des bassins en cascade
Les premiers millimètres de pluie sont les plus pollués parce que chargés des sédiments notamment de mégots. Sur le bord de la fausse : colmatage par les sédiments qui vont réduire la porosité. Donc nécessité de décolmater au bout de 2-3 ans environ en principe (laver les graviers ou retirer et remettre des graviers neufs). La conception en cascade des arbres de pluie permet de gérer les surplus générés par le colmatage. Ainsi, l’effet cascade permet de rallonger le temps avant décolmatage. Sur Lyon : 5 ans sans décolmatage nécessaire.
5/ Comparaison arbre de pluie vs arbre d’alignement classique
Un arbre de pluie est plus résilient face à la sécheresse parce qu’il reste plus humide plus longtemps. L’analyse de la tensiométrie (état d’humidité du sol ; plus la tension du sol est élevée plus la sécheresse du sol est élevée et moins il y a d’eau disponible pour les végétaux) montre que l’arbre de pluie est plus résilient que l’arbre témoin. De même, la dendrométrie (analyse de la taille des branches) montre que l’arbre de pluie se développe plus vite que l’arbre témoin.
5/ Questions des participants
Quelle solution pour avoir des sols coulés mais poreux (en dehors des pavés) ?
> Pour les cours d’écoles il est possible d’utiliser les résines car elles vieillissent bien. Pour le besoin de portance des voitures : le béton poreux ne résiste pas très longtemps, il se casse très vite. Les dalles c’est plus cher mais c’est mieux. Le nid d’abeille en plastique se casse très vite aussi mais si c’est bien fait ça peut créer plus de surface perméable que le béton poreux ou les croisillons en bétons (plus épais).
Est-ce que les gains (en termes d’assainissement, dépollution) de la désimperméabilisation ont été chiffrés de manière à aider la prise de décision ?
> Oui la recherche est en cours au niveau de l’OTHU (Observatoire de Terrain en Hydrologie Urbaine) mais n’est pas terminé, cela va prendre du temps.
Toutefois, ce n’est pas si simple d’intégrer à la prise de décision notamment pour les grandes métropoles comme Lyon. Pour les petites communes ce sera sûrement plus facile mais pour les grandes métropoles, il existe un budget principal et le budget dédié à chaque service. Le financement de l’agence de l’eau bénéficie uniquement au budget principal et pas au budget des services concernés. Techniquement, ça n’augmente pas directement le budget alloué au service voirie, paysage etc.
Est-il nécessaire d’arroser les arbres de pluie la première année ?
> Johana n’a pas de retour d’expérience d’arbre « nouveau » avec cette nouvelle méthode, uniquement sur l’existant. Toute nouvelle plantation doit être suivie d’arrosage pour les 3 premières années. Un arbre après 3 ans n’est pas suivi d’arrosage (façon normale de travailler). Les arbres de pluie sur les arbres existants est très adapté car le système racinaire est déjà en place et l’eau peut être rapidement utilisée. Pour les nouvelles plantations, le choix de végétaux est clé pour bien prendre en compte la quantité d’eau nécessaire pour un système racinaire en développement.
6/ Ressources complémentaires
- Grand Lyon, 2023, Livret technique Les arbres de pluie
- GRAIE, Fiche retour d’expérience : EcEAU-Campus LyonTech-la Doua
- OTHU, Gestion des eaux pluviales en ville, 20 ans de recherche au service de l’action.
- OPUR 2020, Infiltrer les eaux pluviales c’est aussi maitriser les flux polluants
Programme
- 13h45 : Accueil des participants
- 14h : Atelier en groupes pour imaginer les solutions possibles à partir des données contextuelles du projet
- 15h : Visite des différents aménagements. Comparaison du travail en groupe avec le projet réalisé
- 16h : Retour en salle. Retour d’expérience détaillé sur la gestion de projet et échanges avec les participants
- 17h30 : fin