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Exposition du TerraFibra architectures
Une exposition réalisée sous la direction de Dominique Gauzin-Müller, architecte-chercheuse et Anne Lambert, ingénieure et designer, et coproduite par Le Pavillon de l’Arsenal, amàco et Les Grands Ateliers.
Aujourd’hui en itinérance, celle-ci est présentée du 6 juillet au 16 décembre 2023 au CAUE Rhône Métropole et du 6 juillet au 30 septembre 2023 à Archipel.
Le CAUE Rhône Métropole nous a ouvert ses portes pour guider les membres de VAD à la découverte de l’architecture de terre et de fibre, au milieu de photographies, dessins techniques, échantillons et prototypes à taille réelle.
Un grand merci à notre guide Romain Marchetti, architecte au CAUE Rhône Métropole.
Synthèse de la visite
TERRE
L’enjeu le plus important de la terre est de minimiser l’impact environnemental des constructions.
En effet, la terre crue émet peu de gaz à effet de serre.
De nombreuses constructions en terre sont présentes à travers le monde, y compris à Lyon. Se pose alors la question suivante : pourquoi a-t-on arrêté de construire avec la terre ?
Pour prendre l’exemple de Lyon, l’une des explications est que la ville a subi plusieurs crues importantes. On a donc arrêté de construire en terre pour avoir des bâtiments plus résistants face aux épisodes d’inondations. L’arrivée du béton, concurrentiel sur certains aspects (étanchéité, résistance mécanique, etc.) explique aussi l’abandon progressif de la construction terre.
BTC (Brique de terre comprimée) :
Sur l’exemple du Pôle culturel Aria réalisé par l’atelier Philippe Madec à Cornebarrieu, une première rangée en briques de terre cuite permet de protéger le pied du mur réalisé en BTC, tandis qu’un débord de toiture important abrite la façade de la pluie. Cet exemple illustre bien l’adage « bon chapeau, bonnes bottes » souvent employé en recommandation pour la construction en terre.
La construction terre n’étant pas reconnue comme technique courante, il faut justifier que les risques sont maîtrisés afin de pouvoir assurer les ouvrages mis en œuvre. Pour avoir des éléments plus résistants et faciliter leur assurabilité, les BTC sont parfois stabilisées avec l’ajout d’un adjuvent : ciment le plus généralement, selon un pourcentage pouvant varier de 5 à 7% (contre 20% environ dans le cas d’un béton classique). Mais cela présente un impact environnemental plus important et l’aspect réversible de la matière est perdu.
Pisé :
L’échantillon de pisé exposé permet de bien appréhender la mise en œuvre de cette technique. Un mélange constitué de terre et de grains de tailles diverses (fuseau granulaire 0-30) est mis couche par couche dans un coffrage, avec compression de chaque couche à l’aide d’un pisoir (manuel ou pneumatique). Un point de vigilance à noter sur l’hygrométrie du matériau : il s’agit d’avoir la bonne quantité d’eau dans le mélange pour que le pisé soit réussi.
Ce process de fabrication donne un aspect non standardisé, sensoriel, propre au pisé. Ce n’est pas un matériau comme les autres.
Les qualités du pisé résident dans certaines de ses caractéristiques : sa masse apporte de l’inertie, régule l’hygrométrie, et favorise l’isolation phonique. S’agissant d’un matériau peu transformé, il émet très peu de composés organiques volatiles (COV), permettant de gérer une bonne qualité de l’air.
Torchis :
Il s’agit ici d’un mélange de terre, de fibres et d’eau. Le torchis est utilisé en cloison par exemple : une structure tramée permet de faire le remplissage à l’aide du mélange.
La maison Acaicá est un exemple d’architecture bioclimatique où chaque matériau trouve son domaine : le bois porte le volume de la maison sur pilotis, ainsi que la sur-toiture constituée de bambou, qui permet la circulation de l’air. La terre est ici utilisée pour faire du remplissage.
FIBRES
Paille :
La paille est un coproduit de l’exploitation céréalière qui peut être utilisé dans la construction.
Le centre de loisirs Jacques Chirac de la ville de Rosny-sous-Bois est un exemple de construction en paille porteuse. Dans ce cas, la paille porte en plus d’isoler. Les bottes de paille sont comprimées à la mise en œuvre afin d’éviter un tassement ultérieur.
Un prototype montre le détail constructif type d’un mur à ossature bois et remplissage paille, technique plus courante où c’est le bois assume le rôle structurel et la paille permet de faire une isolation répartie.
Chanvre :
La France produit 40% du chanvre européen, d’où la disponibilité de la ressource.
Les enduits chaux chanvre peuvent être utilisés en correcteur thermique lorsque leur épaisseur ne fait que quelques centimètre. C’est le cas de l’opération de réhabilitation d’un immeuble patrimonial à Paris, réalisée par North by Northwest Architectes. L’application d’une petite épaisseur d’enduit chaux chanvre en façade extérieur a tout de même permis une réduction de 50% des besoins de chauffage. A noter sur cette opération le travail visant à préserver la valeur patrimoniale du dessin de façade : des moules ont été réalisé au préalable afin de reproduire les modénatures d’origine. Ces moulures ont permis de retrouver la composition d’origine, preuve que l’on peut se soucier des questions patrimoniales sur un projet de rénovation thermique.
L’enduit chaux chanvre est également utilisé dans le neuf est peut être projeté à l’aide d’un dispositif mécanisé.
Bambou :
Le bambou est parfois surnommé « acier végétal » du fait de ses capacités mécaniques : jusqu’à 50-60 Mpa en compression et très résistant en traction également. Cela explique l’utilisation du bambou dans de nombreux projets, l’enjeu étant d’être stratégique dans le choix de ressources selon les disponibilités locales.
Un point de vigilance est à avoir vis-à-vis de la bonne mise en œuvre du bambou pour en assurer la pérennité.
Autres principes constructifs exposés à Archipel : le roseau et la bauge.
Voir en ligne : Plus d’informations sur l’exposition du TerraFibra à Lyon