Visite

Logements rue Claudius Roche à Balbigny

Déconstruction sélective et construction bois

Une visite co-organisée par Fibois 42 et Ville & Aménagement Durable.
Les visites de l’écoconstruction® sont organisées en partenariat avec l’ALEC 42, la Fédération BTP Loire, la DDT Loire et la CMA Loire.

L’opération de Deux Fleuves Loire Habitat, rue Claudius Roche à Balbigny, consiste en la déconstruction de 40 logements, avec cession de matériaux réutilisables, pour construction de maisons en ossature bois.

La visite du chantier et les échanges avec les acteurs de l’opération présents ont permis d’aborder les deux aspects clés de l’opération :

  • l’économie circulaire, avec déconstruction sélective de la barre de logements (conservation du parking en sous-sol, réemploi in situ de luminaires et pavés autobloquants, réemploi ex situ de charpente, robinet, bancs, etc.) ;
  • la construction bois, avec la création de huit maisons en ossature bois, en chantier.

Synthèse de la visite

Genèse du projet :

La question de la réhabilitation de la barre existante en R+4 s’était posée, mais cela n’était pas intéressant d’un point de vue thermique (bâtiment avec beaucoup de surface déperditive ramenée à la surface habitable) et en termes de qualité d’usage (la création d’ascenseur allait desservir que des demi-palier).
L’opération actuelle a fait l’objet d’une réponse à un appel à projet « 50 MOA exemplaires ». Cela a notamment amené à réaliser un diagnostic PEMD, alors qu’il n’était pas encore obligatoire.

Diagnostic PEMD et filières de recyclage :

Le diagnostic a permis de connaitre pour chaque matériaux les volumes mais aussi d’identifier les filières existantes : ressourceries, déchèteries, industries partenaires, etc. Par exemple, pour le recyclage du verre plat une filière de Saint Gobain a été mobilisée.

Certaines choses n’ont pas pu être anticipée par le diagnostic. Du béton pollué au chrome a été découvert sur le site. Celui-ci a été traité avec Geocycle, une filière de Lafarge. Fort de cette expérience, le maître d’ouvrage demande maintenant la réalisation systématique d’un diagnostic béton sur les sujets de pollution.
Il y a également eu un sujet d’élimination de déchet amiantés, avec notamment la présence de carottes de banches amiantées retrouvées sur le site. La plateforme Trackdéchets a été testée pour assurer le suivi des déchets amiantés et plombés.

L’enjeu est de trouver des démarches valorisantes tout au long du projet. En lien avec Geocycle, les briques plâtrières ont fait l’objet d’un test de recyclage afin d’être incorporé dans la fabrication du ciment.

Concevoir avec l’existant :

Le niveau de sous-sol du bâtiment existant a été conservé afin de servir de socle, pour recevoir les nouvelles maisons en ossature bois. L’orientation nord-sud de la barre d’origine était favorable à une conception bioclimatique, d’où la pertinence de s’implanter sur le sous-sol existant. L’absence de fondations a permis de réaliser une économie en carbone et en énergie grise, le béton était un matériau énergivore et émissif en carbone. La conservation du sous-sol a également permis d’aménager un grand local vélos et des caves généreuses, et de faire cheminer tous les réseaux en sous-sol, dans des conditions de travail confortables.
Le sous-sol en béton cannelé a été bouchardé, pour retrouver l’aspect brut du béton.

Construction neuve en bois :

La construction neuve a été faite en ossature bois, avec 14 cm laine de verre entre montants, un complément d’isolation extérieure en polystyrène, et un complément intérieur de 45 mm de laine de verre avec un doublage placo.
De la ouate de cellulose isole les combles perdus, créant ainsi un espace tampon favorable au confort d’été car apportant du déphasage.
Afin de s’adapter à la dalle existante, une mousse polyuréthane est projeté sur 12 cm au sol.
Concernant la façade : les menuiseries sont en PVC, et des ombrières avec tasseaux de bois sont prévues pour gérer la protection solaire. Côté nord, le bardage bois est protégé des UV et de la pluie.

L’ossature bois n’a pas pu être posée directement au sol car celui-ci était trop irrégulier. Une longrine béton périphérique a donc été prévue afin de recevoir l’ossature bois.

L’ossature a été préfabriquée en atelier. Sur le chantier, 2 semaines 1/2 ont suffi pour le levage de chaque volume.
50 m3 bois local proviennent de Noirétable. Le bois des ossatures et du solivage des duplex est certifié BTMC. Il n’y a que 3 m3 de lamellé collé sur l’opération.

L’acoustique a été traitée par la réalisation de doubles refends en ossature bois + placo.

Du photovoltaïque est prévu. La production de chauffage se fait via des PAC individuelles air-eau, avec une émission par radiateur, dans chaque pièce, à basse température.

Réemploi :

La dépose avec nettoyage et reconditionnement de pavés autobloquants a permis de réemployer 18 tonnes de matériaux. Cela a nécessité la mise en place d’une unité de lavage sur site, avec palettisation, puis stockage in situ en vue d’une repose sur le nouveau projet.
500 heures en insertion ont ainsi pu être valorisées, avec un bilan présentant un bon taux de réemploi.
Trois bancs ont aussi été réemployés dans des parcs publics de la ville.

Pour favoriser l’économie circulaire, il faut toujours laisser la porte ouverte à un usage différent. Par exemple, sur une opération de l’architecte, il est prévu de reposer du parquet en sous face de dalle.

Coûts :

L’opération est sortie à 100 euros plus cher au m2 qu’une opération classique de Deux Fleuves Loire Habitat. Le coût est de 1 950 euros / m2 HT, hors fondations.
La démolition des 40 logements a coûté 430 000 euros.
A noter qu’il s’agit du premier bâtiment RE2020 du maître d’ouvrage.
Le chantier compte 10 mois de travaux.

Rappel du déroulé

  • 10h – Accueil des participants
  • 10h15 – Mot d’accueil et présentation partenaires - Fibois 42 et VAD
  • 10h30 – Présentation de l’opération par ses acteurs - Loire Habitat, AJ Architectes, Envie et Libercier Charpente
  • 11h – Questions / Réponses
  • 11h20 – Visite de l’opération
  • 12h – Fin du RDV

Voir en ligne : Article dans le journal Le Pays - Construire du neuf à partir de l’ancien : un chantier pionnier à Balbigny