Visite VAD+

Minéstock - plateforme de matériaux de réemploi

Visite réservée aux adhérents VAD

Dans le cadre de son action collective Réemploi, Ville & Aménagement Durable a proposé à ses adhérents la visite du Minéstock - plateforme de matériaux de réemploi de plus de 600 m², en présence de la directrice-fondatrice de Minéka, Joanne Boachon.

Contexte

Minéka a ouvert ses portes en 2017 dans le quartier des Brosses à Villeurbanne, avec pour activités :

  • la collecte ;
  • la vente en direct pour ses adhérents (adhésion particulier à 10 €, puis jusqu’à 300 € selon le type d’acteur) ;
  • des prestations : sourcing et conseil aux MO et MOE sur l’intégration d’une démarche de réemploi.

Fonctionnement du Minéstock

Il s’agit d’identifier des matériaux à haut potentiel de réemploi, qui peuvent être issus de surplus ou de déconstruction sélective (répartition : 20% - 80% en 2021, alors qu’elle était de 50%-50% jusqu’à présent). Les principaux secteurs fournisseurs de matériaux sont l’événementiel (salons, musées), les projets de bureaux ou les locaux commerciaux. Les matériaux sont collectés majoritairement en métropole.

La clientèle du Minéstock est principalement constituée de particuliers habitants la périphérie (Lyon constituant une « mine urbaine » pour les projets de la périphérie), d’associations, de collectifs d’architecte et d’artisans.

Les matériaux disponibles au Minéstock sont très liés aux collectes : certains flux sont présents systématiquement, d’autres peuvent être issus de « one shot ». Minéka développe ainsi une « palette » de matériaux, en lien avec le territoire. Ainsi, certains matériaux, non récurrents en région lyonnaise, par exemple la brique, ne seront pas présents sur cette palette. Le bois est quant à lui de plus en plus collecté.
L’activité de vente de matériaux permet de tester en permanence le potentiel de réemploi des matériaux en observant ce qui est fréquemment vendu ou non. A titre d’exemple, les dalles de moquette se vendent peu. Les équipements techniques ne sont pas récupérés car il n’y a pas d’expertise en interne permettant de garantir leur bon fonctionnement après revente. Le mobilier n’est pas non plus collecté, à l’exception de certaines « pépites », comme le montre l’exemple des prie-Dieu de la cathédrale Saint Jean qui ont une valeur symbolique.

Minéka doit garder la main sur les matériaux mis en vente en s’assurant de la qualité et de leur aptitude au réemploi. Pour cette raison, il n’est pas possible, pour un professionnel ou un particulier, d’amener directement des matériaux qu’il aurait jugé « réemployables ». Il est important d’éviter que Minéka ne soit identifié en tant que lieu d’exutoire. Il appartient donc à l’association d’arbitrer elle-même du potentiel de réemploi des matériaux.

La revente des matériaux se fait à prix « solidaires ». Le business model de l’entreprise repose sur les missions de conseil (prestation d’AMO), les collectes et la revente. La vente de matériaux à prix solidaires est largement facilitée par la mise à disposition à bas prix du local par ma Métropole de Lyon. En effet, Minéka est dépositaire d’une occupation temporaire sur le site.

La question du stockage étant le nerf de la guerre, Minéka ne propose pas de réserver des matériaux présents en magasin, même s’il peut arriver exceptionnellement de mettre de côté un article pour quelques jours, après pré-paiement de celui-ci. Un catalogue en ligne est disponible, mis à jour hebdomadairement, pour donner de la visibilité au contenu du Minéstock. Minéka n’assure pas de service de livraison.

Les matériaux sont nettoyés mais ne sont pas upcyclés. L’objectif à terme serait de créer des lignes de reconditionnement. Dans le cadre d’un projet, la remise en état des matériaux sera ainsi réalisée soit par un lot 0 dédié au réemploi, soit par chaque lot concerné. Attenant au Minéstock se trouve l’Atelier Emmaüs, qui se fournit ponctuellement chez Minéka pour ses réalisations.

Mission de sourcing

En complément de son activité de vente au magasin, Minéka propose des missions de sourcing auprès des maîtres d’ouvrage. Il s’agit d’aller chercher des matériaux de réemploi pour une opération en particulier. Les matériaux identifiés peuvent être en tout point conforme au besoin. Dans le cas contraire, il est nécessaire d’adapter le projet à la matière. Minéka identifie avec la maîtrise d’ouvrage si elle dispose d’un lieu de stockage en propre, et peut identifier si besoin des espaces de stockage externes. La contrainte de l’espace ne permet pas à Minéka un stockage tampon au Minéstock. Cette problématique du stockage est un véritable enjeu pour développer le réemploi.

Concernant les aspects assurantiels, la mission de sourcing peut s’accompagner d’une recherche documentaire sur les matériaux afin d’être en mesure de caractériser ceux-ci : par exemple, retrouver le PV d’une porte. En l’absence d’information, le matériau peut être déclassé. Pour l’exemple d’une porte coupe-feu dont on ne peut plus garantir son aptitude à la sécurité incendie, elle pourra être utilisée pour un usage de porte classique.

Quelques conseils pour réussir son projet de réemploi

Avant tout projet de réemploi, il est également primordial de s’interroger sur la nécessité de démolir.

Afin d’optimiser une démarche de réemploi, une sensibilisation des maîtres d’ouvrage en amont est nécessaire. Il ne faut pas être trop ambitieux pour une première opération, mais commencer « petit », avec un ou deux matériaux de réemploi.

Dans le cadre d’un projet de déconstruction, le diagnostic Produits-Matériaux-Déchets (PMD) constitue une étape indispensable.
Il permet, par une visite sur site appuyée d’une analyse des différentes archives du projet, d’identifier le potentiel du projet en terme de réemploi. Il précise également les conditions et lieux de stockage, les contraintes de dépose, les possibilités de réemploi sur site ou par des filières potentiellement locales. Minéka propose des missions de diagnostic PMD si celle-ci s’inscrit dans une stratégie globale (réemploi in situ, ex-situ…).

Le diagnostic portant sur la gestion des produits, équipements, matériaux et des déchets issus de la démolition ou de la rénovation significative de bâtiments est depuis le 25 juin encadrée par le décret n° 2021-821, pour une application au 1er janvier 2022. https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000043704853.

Un point de vigilance concerne la compétence du diagnostiqueur. Réglementairement, les compétences requises sont limitées : le diagnostiqueur doit fournir la preuve, avant la réalisation du diagnostic, de ses compétences « dans le domaine des techniques du bâtiment, de l’économie de la construction et de la gestion des déchets du bâtiment » (pour plus d’information, voir : http://materiauxreemploi.com/wp-content/uploads/2021/01/Materiauxreemploi-com_Elisabeth-Gelot_Support-web-conference-14-01-2021_%C3%89conomie-circulaire-et-B%C3%A2timent-Ce-qui-change-en-2021.pdf). Pour se prémunir de ce risque, exiger des références !

En pratique, la sensibilisation de la maîtrise d’ouvrage et de la maîtrise d’œuvre à ce diagnostic est plus aisée que sur l’intégration de matériaux de réemploi dans les projets.

Développer un réseau du réemploi

Minéka, Métabatik, ENFIN ! Réemploi et Ecomat38/Aplomb ont pour ambition de développer un réseau afin de mutualiser les connaissances, les moyens juridiques, et gagner en visibilité, voire pouvoir faire de l’échange de matériaux. La filière étant émergente, de nombreuses problématiques quant à la classification des matériaux, l’intégration aux marchés, la mise en diapason avec les démarches de recyclage sont des enjeux stratégiques au développement de la filière. Un syndicat national des acteurs du réemploi est également en cours de structuration.


Voir en ligne : Site internet Minéka