Meet-up
Rencontre avec des acteurs de la construction frugale du Puy-de-Dôme
Cycle « Réhabilitations frugales » #4 - table ronde d'acteurs engagés - Clermont-Ferrand
La 4e et dernière édition du cycle « Réhabilitations frugales » proposé par Ville & Aménagement Durable en partenariat avec le collectif de la Frugalité heureuse & créative a été accueillie à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand, également partenaire de l’événement.
Cet événement a été l’occasion de croiser le monde étudiant de l’ENSACF, le collectif citoyen de la Frugalité, et le réseau professionnel de Ville & Aménagement Durable.
La présentation du livre Architecture frugale - 20 exemples de réhabilitations en Auvergne-Rhône-Alpes a amené sur le devant de la scène le sujet de la frugalité. Qu’est ce qu’une architecture frugale ? Quels sont les enjeux de la réhabilitation ? Comment les acteurs du territoire de Clermont-Ferrand se mobilisent-ils en faveur de celle-ci ? Et comment se donnent-ils les moyens de tendre vers des modes de constructions toujours plus vertueux ?
A ces questions, des éléments de réponses et points de vues ont été apportés par les acteurs aux profils variés mais au valeurs communes, rassemblés pour l’occasion afin d’échanger avec nous sur ces sujets qui nous animent.
Synthèse des échanges autour de la table ronde :
Terre de Combronde :
Terre de Combronde est une association auvergnate crée en 2019. Son objectif est d’exploiter et de valoriser une ressource naturelle, qu’est la terre locale excavée de Combronde , ce qui permet d’éviter l’envoi direct à la déchetterie. Sur 2023, 50 m3 ont été vendus (terre à pisé, briques de terre comprimées, enduits).
La réhabilitation du fort villageois de Plauzat :
Ce projet de l’agence Boris Bouchet architecte illustre la frugalité en sol. Il aurait été possible de raser le bâtiment, mais le parti pris a été de faire un lieu de vie à partir de ses ruines. En ce qui concerne la cave Marc, le choix a été de garder dans le temps cet ouvrage sans pour autant le conserver à l’identique : la voûte a été démolie et la toiture refaite. Un gîte insolite, aménagé dans une ancienne maison de l’ensemble, a été livré il y a peu de temps.
Utiliser la matière déjà présente sur site :
Pour ce qui est de la frugalité en matière, l’opération de l’INRAE livrée en 2023 à Theix (pavillon d’accueil de l’Herbipôle) en est un exemple par la mise en œuvre d’un béton de site.
A Maringues, dans la plaine de la Limagne, nous avons un autre exemple de béton de terre coulée pour la construction d’un groupe scolaire, par le collectif Studiolada. Le béton de terre n’est plus de la terre crue, car la terre est ici stabilisée. Elle perd ainsi son aspect réversible, mais a l’avantage de réduire le poids carbone.
Aller vers plus d’intensité social et de nouveaux imaginaires :
Ces techniques constructives demandent moins de produits industriels mais plus de main d’œuvre. Cela a l’avantage d’amener à de nouveaux processus de construction plus collaboratifs, d’impliquer les usagers, par l’organisation de chantiers participatifs par exemple.
Cette implication permet de tendre vers une meilleur acceptation de ces esthétiques nouvelles, de la matière laissée « brute », selon une logique paysanne. Cette évolution de nos imaginaires liés à la construction est favorable à amener vers plus de frugalité.
Quelle dynamique sur le territoire du Puy-de-Dôme ?
Beaucoup d’auto-constructeurs sur le département permettent d’avoir une bonne dynamique en termes de constructions frugales. D’autres acteurs sont présents également : des artisans, comme Hutt’Ô Paille, mais aussi des fournisseurs engagés, comme Kenzaï, qui a noué un partenariat pour distribuer sur le marché les produits de Terre de Combronde et qui organise des ateliers pour transmettre les savoirs utiles à leur mise en œuvre.
Pour la filière du réemploi, Métabatik est un acteur déjà bien implanté sur le territoire. L’agence Boris Bouchet architecte l’a par exemple intégré dans l’équipe de projet pour un concours urbain à Riom. Il s’agit d’un projet d’écoquartier où il est question de simplement fournir le clos-couvert aux habitants de manière à les intégrer dans le processus.
Les artisans ne connaissent pas toujours bien ces matériaux « non conventionnels ». Une discussion est aussi à avoir avec les assureurs pour ces techniques dont la plupart sont considérées de « non courantes ».
Pour Lucile Wenger, d’Hutt’Ô Paille, il y a parfois une incompréhension du sujet avec ces matériaux : on lui reprochait de ne pas avoir de CAP alors que les CAP ne concernent que les matériaux industriels.
L’exemple du Lycée de Gergovie à Clermont-Ferrand réalisé par Eiffage a permis de mettre en œuvre une ossature bois avec remplissage en bottes de pailles sourcées localement, sur une opération de grande échelle. En amont de la construction, la réalisation de la base vie a servi de témoin sur cette technique, ce qui a permis de faire ses preuves.
Quelles perspectives pour la construction frugale dans le Puy-de-Dôme ?
Il y a beaucoup à jouer sur la relation à avoir avec la maîtrise d’ouvrage, ainsi que le facteur temps. Le temps est nécessaire à l’expérimentation. Aussi, les banques sont souvent frileuses sur les sujets d’expérimentation dans la construction, ce qui rend aussi les financements difficile.
Un enjeu est de redonner leurs titres de noblesse aux artisans. Et en ce qui concerne les architectes, il faut qu’ils soient en mesure de répondre à tous les programmes.
Aujourd’hui, il y a une dans les écoles une nouvelle génération d’étudiants très engagée, ce qui présage des changements à venir pour la suite. Ce changement des pratique semble aujourd’hui être une évidence ; la question est de savoir pourquoi on ne l’exerce pas depuis plus longtemps.
Rappel du programme :
- Mot d’introduction, par l’ENSACF
- Présentation du livre, par Ville & Aménagement Durable
- Table ronde avec des acteurs du territoire, engagés pour la frugalité : architectes auteurs d’opérations du livre, producteurs d’écomatériaux, artisans, etc.
- Charlotte Batifoulier, cheffe de projet, Boris Bouchet architectes & urbanistes
- Lucile Wenger, artisane, Hutt’Ô Paille
- Benjamin Revire, Terre de Combronde
- Echanges avec la salle